L'inefficacité de la technique semble butter sur une contradiction dans les termes: les dispositifs techniques sont sensés assurer les affaires à gérer. Le constructeur attentif aux résultats sait toutefois qu'il s'en faut toujours peu ou beaucoup pour que la cible soit pleinement atteinte. La gestion de l'ouvrage est toujours entachée d'un fonctionement aveugle des appareillages auxquels nous ne manquons pas de recourir. Ce blog vise à revenir sur les défaillances les plus manifestes pour vérifier que ce n'est pas uniquement une chaîne de causalité qui, d'action en action, aboutit au "mal fait". L'activité humaine parce qu'elle est culturelle, est par structure vouée à l'impouvoir, sinon à l'impuissance.
C'est même sur le fondement de l'ineffficaité que Jean Gagnepain a fait émergé dans les sciences humaines le processus constitutif de l'outil. Si l'on s'accorde à reconnaître que les moyens et les fins techniques, disponibles en l'absence d'action, résultent d'une analyse du moyen et de la fin de l'action, toujours éphémère, l'outil est comme le signe, une capacité neurologique. La collaboration de Jean Gagnepain avec Olivier Sabouraud, neurologue, va dans ce sens. Les troubles de la manipulation déduits de la théorie ergologique ont fait éclater les apraxies en séparant les troubles spécifiques de l'action (réalisation d'une capacité instrument) de ceux liés à l'outil (troubles culturels de la fabrication). Il importe ainsi de dégager de ce qui ne marche pas les conditions structurelles et dialectiques du fait que ça marche !
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