C- Complémentarité, covariance, covalence


Complémentarité

La complémentarité suppose une capacité d'ajustement de deux unités de telle sorte que l'une soit dans l'autre En résulte, pour ce faire, le réaménagement des deux unités soit par adjonction soit par retrait. Ainsi l'absorbance du papier va de pair avec la pénétrabilité de l'encre.

 

Complémentarité et complémentarisation

Voici une table qui, par sa largeur, n’offre pas un plan de travail pour un format raisin. Qu’à cela ne tienne, le constructeur y joint une autre table identique et l’installation est faite. Dans cette affaire, la largeur est le lieu commun de la mise en rapport : La largeur montre un planage au sens de plan de travail faisant dispositif et formant tâche. Elle est mise en rapport de deux plans et de deux planages, ajustement de l’un à l’autre qui ne saurait se passer d’instrument (l'action du réaménagement): c’est le moment où l’attention s’exerce et pour le dire, la complémentarisation est opposée à la complémentarité (car alors les plans structurellemnt et virtuellement disponibles ne sont pas ceux mis à disposition in situ).

La complémentarité est un fonctionnement en puissance, tel qu’une unité machinale va de pair avec d’autres dont le constructeur n’a que faire. Tel livre est neuf : ce simple constat trahit une attention à une difficulté, celle de maintenir le livre ouvert en raison d'une reliure qui contrarie le fait de tourner la page. Le pliage et son collage peuvent ainsi contrecarrer les mouvements de lecture bien qu'ils soient organiser pour gérer celle-ci.

 

Covariance

Le terme désigne précisément ce principe de complémentarité dans le rapport aux moyens élaborés.L'interdépendance du support et du colorant se dit plus théoriquement comme la mise en adéquation de deux engins de telle sorte par exemple que le pouvoir de pénétration de l'encre est accentué par celui de l'absorbance du papier qui peut à l'inverse, s'il s'agit d'un papier de protection, présenter un pouvoir répulsif contre l'humidité.
La complémentarité dans le rapport aux machines est désignée par
la syndèse.

 

Le principe de covariance et ses conséquences

Le rapport des unités est analysé par le principe de différenciation : de l’identique rapproche les entités séparées de telle sorte que l’un comporte l’autre en creux ou en relief, par soustraction ou adjonction. Cette complémentarité implique qu’un moyen ne se présente jamais seul ; il est en tout cas réaménagé par l’autre qui suit ou qui précède. Coadaptation des unités mécaniques, un enchaînement est introduit.

 

Exploitation déictique et plastique

Le principe est aussi opérant que discret : s’il paraît évident, dans le cas de l’adaptation du manche à la pointe du pinceau par la virole, il est vite oublié par l’exploitant qui se soucie plutôt du rapport entre la pointe et la longueur des touches et des traits, la viscosité ou la fluidité de la charge de couleur. Un pinceau brosse à poils raides ou une pointe fine et souple peut faciliter ou annuler l’action visée de produire ou non des empâtements. Et Pierre Alechinsky nous rapporte avec quelle attention il choisit ses pinceaux pour leur contenance.

Le caractère discret de la complémentarité s’affirme dans le moment de préparation, à commencer par l’échelle induite: le rapport de l’image au dimensions du format, à la taille du pinceau, à l’espace de l’atelier est traité spontanément au moment du choix du format, modifiant ainsi l’étendue réelle de l’activité graphique ou picturale visée. La question est encore posée de savoir comment les autres engins repérables dans le format: orientation, forme, étendue, plan lisse, bords, proportions, comment ces « formants » comportent l’anticipation du dessin ou de la peinture. La préparation d’une activité ne peut pas être entièrement volontaire, elle est déjà là, à travers un matériel toujours un tant soit peu pré-adapté. Il n ‘est pas excessif de dire que le matériel prépare autant qu’on se prépare quelle que soit le degré de maîtrise du plasticien.

 

Interdépendance du subjectile et du colorant

Exploitées ou non, les qualités utiles du papier ne manquent pas de se révéler dans le rapport aux colorants. Cette interdépendance de l’encre et du papier est élaborée ordinairement par les producteurs de papiers pour écrire. On oublie que la recherche, pour ces papiers, d’une coadaptation optimale est un travail qui les opposent ainsi aux papiers buvards d’antan par lesquels l’absorbance du papier rejoint le pouvoir diffusant de l’encre. Par la conjonction de ces deux pouvoirs, les accidents graphiques et picturaux peuvent animer une surface. Le travail de Sam Francis montre notoirement qu’on peut développer plastiquement ce fait par des taches, en efflorescences lorsqu’elles rencontrent un papier détrempé, et la couleur fuse, ou nettes lorsqu’elles sont arrêtées par le papier sec, non diffusant. Tel papier ainsi ne convient pas parce qu’il buvarde ou inversement, repousse l’encre, il appelle ainsi un complément qui le remise ou le rend utilisable. 

Covalence

Le pouvoir de négligence technique est tel qu'il organise des classes d'unités mécaniques à raison d'un matériau qu'elles ont en commun.
Il en résulte une classe de substitution relative faite de succédanés que le mot allemand Ersatz dit encore fortement.

 

Covalence ou similarité mécanologique

Il n'est pas question de s'appesantir sur le fait que la peinture puisse servir à ceci ou à cela et que ces services divers soient rapportés au même moyen. La similarité porte sur un rapprochement des unités de moyens en raison d'un matériau qu'elles partagent. Ainsi, la pâte de peinture partage sa pastosité avec celle du pâton de pain, celle d'une touche colle, d'une couche de terre, etc. Il s'ensuit une sorte d'imagination matérielle qui réunit, par la covalence des engins, des réalités éloignées en apparence mais mécanologiquement proches.

Par analogie au tableau phonologique, on conçoit que des relations mécanologiques traversent la variété matérielle, introduisant une diversité structurée à la fois négatrice des différences réelles et instauratrice d'un système d'identités partielles non perceptible. On rejoint ainsi, globalement, l'aveuglement et la voyance de la technique.

Nath

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