Wernicke
Le malade de Wernicke a de l'ordre mais il a perdu le critère de la différenciation entre les identités de sorte que celles-ci sont énoncées indifféremment. Le choix fait problème, non la succession et la séparation des unités. Sur cette base de la pathologie du langage, se constate également des troubles de la manipulation qui font valoir cette analyse: untel ne différencie plus le tournevis, de la règle, du bâton et de l'aiguille à tricoter et procède au tricotage avec n'importe lequel de ces ustensiles.
Les mains dans la tête
La part de la manipulation au sens où de la manutention est requise, cette part a diminué dans l’activité technique. Notre capacité motrice est moins sollicitée ; l’activité n’en n’est pas plus technique.
La traditionnelle opposition de l’activité manuelle à la mécanique devrait être re-qualifiée : elle désigne plutôt l’asservissement de notre motricité corporelle à la chose à faire contre un fonctionnement sans finalité. Dans ce fait complexe, il faut maintenant voir comment nos mouvements s’élaborent en identités et unités de routine de sorte que nos gestes sont toujours un tant soit peu, robotisés. Et lorsqu’ils ne le sont pas, l’analyse est toujours là, mentalement. La mécanique n’est donc pas réduite à cet ensemble de pièces éventuellement auto-articulés qui se meuvent pour nous. Nous faisons les choses machinalement, cette formule mérite qu’on la reconsidère non comme une façon de parler mais pour ce qu’elle dit : la machine est en nous en tant que capacité à intégrer des fins élaborés différentes en une unité minimale assurant notre action à l’insu même du constructeur que nous sommes.
Neurologiquement, nous savons qu’une instance biologique est en cause. Sa localisation du côté cortical droit et plus précisément encore contribue à la compréhension du processus. Mais le comment ça se fait reste à repérer et nous ne pouvons nous en tenir à cette projection mentale. La main est dans la tête, regardons les mouvements de nos mains, ils sont autant la projection de notre analyse mentale.
L’analyse en cause est à spécifier par rapport à beaucoup d’autres, celle-ci procède par un aveuglement et une voyance dans le rapport aux choses envisagées en tant que moyens et fins déjà là. Les choses que nous tenons en main, par ce type d’analyse, nous font voir et en même temps elles occultent le reste du champ visuel pour y substituer un champ virtuel de disponibilités. De l’ustensilité et de l’utilité paraissent en un monde d’activité où l’action est d’emblée prise en charge au point que nos finalités sont suscités autant que gérées par l’outillage auquel on fait ou on ne fait pas appel : l’outil est toujours déjà là et impose une conduite, contraintes et promesses confondues.
Wagon
Le wagon est cité ici en raison de l'ordre alphabétique, sans cohérence a priori avec l'objet du propos qui est de présenter des concepts. Mais une collusion est possible entre l'ordre de la locomotive suivie de ses wagons et celui de l'enchaînement des unités de l'activité, axe quantitatif de l'outil. Pourtant la place qu'il tient dans l'analyse n'est pas supérieur au traitement qualitatif comme pourrait donner à le penser le qualificatif in absentia de Saussure opposé au caractère in praesentia des unités composées. Si, comme avec la Médiation, la double analyse se dit en termes de choix et d'ordre, la présence structurale des unités abstraites ne fait place qu'au doute du chercheur en sciences humaines s'agissant des qualités comme des quantités.