Zigzag
Le zigzag comporte le recours au coup de main, à ce qui se fait d'un seul coup. Dans la langue des typographes on parle de ductus à cet effet. Plus fondamentalement il faut y voir la mise en oeuvre de l'unité mécanologique. Et dans ce moment où unité gestuelle manifeste de l'engin, le constructeur n'est plus attentif au modèle à transcrire.
Autre fait relatif au ZigZag et à tous les coups de main: ils valent, comme les choses inertes, en tant qu'énergies, substrats d'unités mécaniques.
Zigzag
Exposition des enseignants d'Arts Plastiques de l'Université Rennes 2, 1990
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- De l'ergo dans le cénacle:
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- quelques aperçus d'ergocénotique
- en suite à de l'ergo dans l'aire
Gilles le Guennec
Bien qu'il ne soit pas question ici d'ergoter sur des mots, la Cène est une aubaine puisque par elle "on" se met à table, et de diverses manières selon la place des guillemets (hommage soit rendu en passant à Guillemet qui dans l'écriture voulut qu'on reconnaisse son père ; hommage sans doute terni par Guillotin et l'ordre alphabétique, d'autant qu'on pourrait croire à une concertation des deux pour trancher dans les mots).
En complément de l'image évangélique, "l'ergastule" offre un autre accès à l'ergocénotique en signalant par la combinaison de l'histoire grecque du mot et de son référent latin que l'atelier peut être isolement et prison.
En somme la dialectique de la personne faite de divergence et de convergence se trouve ainsi ergologiquement contractée. ZIG ZAG en est aussi l'emblème en fournissant par ses lettres, le double Z, l'image d'une dialectique et par son thème le compromis entre des visées différentes.
Il ne peut y avoir d'atelier "porte ouverte": ouvert, il disparaît. Il n'est pas, inversement, d'atelier qui s'emmure au point que l'extra muros n'y soit présent, "sans mur". Le jeu homophonique doublé d'une inversion de sens a son excuse : il accuse la dialectique de l'agora et de la claustrophobie, le mouvement en zigzag de l'un à l'autre de ces lieux, public et privé à l'excès. Le réaménagement de l'atelier en cause en fournissait une version, prolongée d'une herméneutique particulière : la prise de possession du lieu s'effectua sur le mode de la division. Il fallait séparer l'espace d'accueil des oeuvres de "la réserve" de matériels. Le mot le dit : ce qui est montré "ne va pas sans réserve", dans le sens aussi où la limite du non-montrable est encore floue.
Disposant d'un plan hexagonal, son centre anticipait la focalisation des regards, il terminait la progression d'un espace tout entier où s'affirmait partout l'agora mais à des degrés divers. Introduire une cloison dans ce lieu, c'était trancher dans l'unité, la soumettre à une distinction appréhendable, à la limite, comme une opposition. Chacun des panneaux me donnait l'occasion d'une relation nouvelle au lieu : par son orientation, droit au centre, sans craindre les feux des regards, ou parallèle aux murs, comme pour les "raser". C'est ainsi qu'en indiquant cette double condition, une cloison zigzagante apparut.
Le titre de l'exposition Zizag condensait, non seulement les références au toxicomane, à l'écriture boustrophédon et aux absences de la nôtre passant de droite à gauche sans trace, mais encore à des noms : Jean-Claude Lebensztejn, Boris Vian, Bernard Pagès, Peter Handke, faisant scintiller une page et quelques phrases :
Il descendait de loin dans la rue une
grosse voiture chargée de poutrelles
d'acier au barbandium. Un petit apprenti
était perché au bout de la plus longue,
qui battait derrière en porte-à-faux. Il
agitait un grand chiffon rouge pour faire
peur aux gens, mais des grenouilles,
attirées, se ruaient sur lui de toutes
parts, et le malheureux gosse se
débattait sans cesse contre leurs peaux
mouillées. Le camion sautait de ses
quatre pneus durs et noirs, et le gosse
dansait comme sur une raquette.
Boris VIAN - Les fourmis